Janvier 2024, document : Qui après nous vivrez
Noir, très noir
Une dystopie ténébreuse qui oscille entre séquences post-apocalyptiques
et de brèves utopies.
Il débute avec la chute d'un monde ultra-autoritaire, au-delà de la
Chine d'aujourd'hui ; dans les années 2050, les pauvres y sont confinés
dans des ghettos pour tenter de conjurer les épidémies, conséquences du
dérèglement climatique. Les catastrophes naturelles, conséquences d'un
total dérèglement climatique s'enchaînent jusqu'à l'effondrement,
déclenché par une panne mondiale du réseau électrique.
Que peut-il sortir de ce nouvel âge de pierre ; de nouveaux régimes
totalitaires ? des communautés apaisées ?
Un futur imaginaire mais, hélas, possible.
Le livre Qui après nous vivrez est édité par les éditions
Payot - collection
Rivages/Noir.
Juin 2022, document : La Promesse des
arbres
Sous-titre : Comment la forêt nous
sauvera si nous la laissons faire
Dans la suite de son livre La Vie secrète des arbres, le forestier
allemand Peter WOHLLEBEN revient sur les capacités d'adaptation des
arbres et leur facilité à régénérer des espaces dévastés par une
sur-exploitation.
Nos forêts, soumise aux coupes rases sont mises en danger par le
réchauffement climatique qui avance trop vite pour la vitesse de
réaction des arbres. Le meilleur moyen de sauver est, selon l'auteur de
laisser faire les arbres.
De plus les arbres, dès qu'ils peuvent se constituer en forêt, sont une
arme pour contrer la réchauffement, en créant un micro-climat, moins
chaud et plus humide, sous leur feuillage.
Le livre La Promesse des arbres est édité par les éditions
Les Arènes.
Avril 2021, document : La Croissance verte contre la nature
Sous-titre : Critique de
l'écologie marchande
En disséquant les ressorts idéologiques, techniques et économiques de ce
nouveau régime de "croissance verte", Hélène TORDJMAN montre que ses
promoteurs s'attachent plutôt à sauvegarder le modèle industriel qui est
la cause de la catastrophe en cours.
Alors que de nouvelles générations de carburants "biosourcés"
intensifient une logique extractiviste et contre-productive et que
l'élargissement du droit de la propriété intellectuelle à toutes les
sphères du vivant permet à quelques firmes de s'approprier l'ensemble de
la chaîne alimentaire, l'attribution de prix aux "services
écosystémiques", le développement de dispositifs de compensation
écologique ou les illusions d'une finance prétendument verte stimulent
un processus aveugle de marchandisation de la nature.
Ce livre a reçu le Prix Jacques Ellul 2022.
Le livre La Fabrique de pandémies est édité par les
éditions La Découverte.
Mars 2021, document : La fabrique des pandémies
Dix années après Les Moissons du
futur, les conséquences de l'inconséquence.
En pleine vague du COVID-19, Marie-Monique ROBIN explique les
relations entre la destruction de l'environnement, la mondialisation,
les mégalopoles et le développement de redoutables pandémies à la
propagation foudroyante.
Depuis qu'il s'est sédentarisé, l'homme domestique la nature,
restreint toujours plus les territoires sauvages et, en retour,
encourage les parasites en tout genre à jeter leur dévolu sur l'espèce
humaine.
D'après l'auteure, le pire est encore à venir. Seule la préservation
de la biodiversité peut nous permettre de limiter le risque d'une
telle récurrence.
Le livre La Fabrique de pandémies est édité par les
éditions La Découverte.
Février 2020, document : Rendre le Monde indisponible
Nous disposons des ressources du monde
avec une telle voracité comme si elles étaient indéfiniment
disponibles.
Le livre Rendre le Monde disponible est édité par les
éditions La Découverte.
Mars 2013, document : Les Moissons du futur
Plaidoyer pour une agriculture durable
débarrassée de l'industrie chimique (pesticides, engrais) et des
semenciers (hybrides standardisés, OGM), adaptée aux conditions
locales, créatrice d'emplois et de fierté du travail accompli.
Démonstrations de retours à une production saine, simple, locale,
loin des monocultures intensives qui appauvrissent les sols et les
agriculteurs ; des exemples de l'efficacité des petites exploitations
et des dangers des initiatives à grande échelle (telle AGRA financée
par la fondation B&M. Gates) qui proposent des solutions
standardisées, dévaluent les savoir-faire locaux en affaiblissant la
souveraineté des pays "aidés".
Marie-Monique Robin y développe les éléments présentés dans son
documentaire éponyme diffusé sur Arte en octobre 2012 ; elle a déjà
commis "Le Monde selon Monsanto" et "Notre poison
quotidien".
Le livre Les Moissons du futur est co-édité par La
Découverte et Arte
éditions.
Mars 2012, essai : Adieu à la croissance
Ou comment se débarasser du culte de la
croissance du PIB pour bâtir le monde du prochain siècle. Le
bien-vivre durable nécessite de se défaire du capitalisme effréné qui
pousse au toujours plus-avoir, de ne plus se laisser leurrer par la
"croissance verte" et évoluer vers une société soutenable. Et si la
croissance n'était pas la solution mais le problème ?
Ce livre propose des pistes pour concilier démocratie et partage
équitable des ressources dans la recherche d'une sobriété, pour
s'accorder sur la distinction de l'utile du futile. Une prévision de
l'évolution de l'emploi et sa nouvelle répartition entre les secteurs
en baisse (finance, publicité, marketing, transports) et en hausse
(agriculture, recyclage, récupération) fait l'objet d'une synthèse
(pp.115-117). Bref, du concret, du tangible au-delà des idées
directrices.
Collaborateur régulier du mensuel Alternatives
économiques, Jean Gadrey est par ailleurs membre du
conseil scientifique d'ATTAC.
Le livre Adieu à la croissance est édité par les éditions Les Petits matins.
Janvier 2012, autobiographie : Dans les forêts de Sibérie
Un cabane en bois de 9 m² pour s'abriter
de l'hiver du lac Baïkal, il faut avoir envie d'un peu de solitude...
Sylvain Tesson :,"Assez tôt, j'ai compris que je
n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me
suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une
cabane. Dans les forêts de Sibérie".
Une cure alcoolisée certes, mais également de nature brute et rude
pour une longue séance de réflexion sur le cours de l'humanité. Cela
fait un livre qui raconte comment rien ne se passe sinon le temps et
l'hiver qui s'installe puis cède devant le printemps. Ah, si quelques
autochtones, rudes eux aussi et tout à fait russes dans leur capacité
d'improvisation catalysée à la vodka. Et autant de livres d'un
éclectisme savant. Quel luxe de s'offrir une telle retraite ...
Le livre Dans les forêts de Sibérie est édité par Gallimard
; il a été distingué par le prix Médicis essai.
Mars 2011, roman : L'assassinat d'Yvon Toussaint
Ou comment une homonymie impromptue
débouche sur une passionnante visite à l'intérieur de la société
haïtienne. Yvon Toussaint, l'auteur -ancien
journaliste belge- découvre en 2008 qu'un autre Yvon Toussaint, homme
politique et médecin haïtien, a été assassiné en 1999. Quelques
coïncidences plus loin, le journaliste retraité décide d'enquêter sur
ce crime probablement politique.
L'auteur remonte le fil depuis la communauté haïtienne de Bruxelles
via les États-Unis et se confronte à toutes les couches de la société
de l'île, depuis les politiciens de la capitale jusqu'aux habitants du
village natal d'Yvon, Mirebalais, au coeur d'Haïti. Comment extraire
la vérité de toutes ces rencontres, identifier le coupable et le
commanditaire ? Trop de candidats, du président aux laboratoires
pharmaceutiques, trop de versions des maîtresses, des adeptes du
vaudou, des bandits de tout poil.
N'espérez pas les connaître à la fin de ce roman envoûtant où vous
ressentirez à quel point il sera long et complexe pour Haïti de sortir
de la misère, amplifiée depuis la rédaction de ce livre par le
tremblement de terre de janvier 2010.
Le livre L'assassinat d'Yvon Toussaint est édité par la Librairie Arthème Fayard.
Décembre 2010, anthropologie : Comment nous sommes devenus
moraux
Son sous-titre "Une histoire
naturelle du bien et du mal", rappelle l'axe suivant lequel de
nombreuses religions organisent le jugement des actions humaines. En
vain puisque l'homme a une disposition naturelle à juger et se
comporter moralement en se laissant guider par l'équité comme le
confirme cette brillante synthèse de Nicolas Baumard.
Il nous balance savamment voire académiquement entre contractualisme
et utilitarisme pour nous convaincre de la pertinence d'un théorie
mutualiste et se réfère, entre aures, à Kropotkine, le "frère"
d'Élisée Reclus (voir notre livre
du mois de Novembre 2010). "La morale vise précisément à
concilier l'intérêt individuel et la nécessité de s'associer. L"'insociable
sociabilité" de l'homme n'a donc plus rien de paradoxal. D'une
part, la morale est dans l'intérêt des individus. D'autre part elle
obéit à la logique de l'équité".
Vous l'aurez compris, même classé "grand public" ce livre ne fait pas
dans la vulgarisation ; sa lecture demande disponibilité et
concentration! Mais quel plaisir de renforcer cette intuition que
l'équité est naturelle et ne saurait procéder de l'autorité de
religions ou philosophies.
Le livre Comment nous sommes devenus moraux est distribué
par les éditions Odile Jacob.
Novembre 2010, biographie : Élisée Reclus
La vie de ce géographe anarchiste,
écologiste avant l'heure, se lit comme une épopée magnifiquement
brossée par Jean-Didier Vincent. Fils d'un pasteur,
Il doit d'abord se libérer du protestantisme rigoureux de son enfance,
devenir athée avant "d'entrer" en anarchie. Son engagement dans le
Commune de Paris lui vaut de graves ennuis; il échappe de peu à la
déportation mais doit s'exiler en Suisse où il entreprend sa Nouvelle
Géographie universelle à la fois son grand oeuvre et son
gagne-pain. Il lui faudra parcourir l'Europe et des continents plus
lointains : 'Amérique du Nord et du Sud, Asie mineure et l'Afrique où
il se passionnera pour la dimension sociale. Il devra se contenter
d'envier de loin la Sierra Nevada de Santa Marta (Colombie) et son
rêve d'utopie.
A coté de cette oeuvre il continue de militer et retrouve en Suisse
Gustave Courbet, Bakounine avec qui il collaborera et son "frère"
Kropotkine (qui l'aidera pour le tome sur la Russie). Dans les années
1880, Élisée approuve la "propagande par le fait" autrement dit la
violence comme moyen d'action puis s'en écarte devant les outranciers
massacres de certains. Son ultime oeuvre, symbole de sa démarche sera
"L'Homme et la Terre" rédigé alors qu'il travaille à
l'Université Nouvelle de Bruxelles :
"C’est l’observation de la Terre qui nous explique les événements
de l’Histoire, et celle-ci nous ramène à son tour vers une étude
plus approfondie de la planète, vers une solidarité plus consciente
de notre individu, à la fois si petit et si grand avec l’immense
univers" (préface).
Le livre Élisée Reclus est distribué par les éditions
Robert Laffont. Il s'est vu décerné le Prix Femina - Essai.
Septembre 2010 essai autobiographique : Éloge du carburateur
Un intellectuel ne supporte plus
l'inutilité ressentie de son travail (lobbyiste à Washington), se
reconvertit dans la réparation des motos et commet cet Essai
sur le sens et la valeur du travail.
L'analyse de Matthew B. Crawford sur la
déshumanisation du travail en général et la déconsidération du travail
manuel est réjouissante en cette période post-crise.
Il vise également l'hyper-consommation qui nous fait remplacer nos
appareils au premier signe de faiblesse voire simplement quand la
batterie est usée: "Ce que les gens ordinaires fabriquaient hier,
aujourd'hui, ils l'achètent ; et ce qu'ils réparaient eux-mêmes, ils
le remplacent intégralement."
Il éreinte les managers contemporains dont le comportement
d'évitement des responsabilités aboutit à "abandonner la gestion
des détails à la base et d'accumuler la reconnaissance du mérite au
sommet", reconnaissance à la fois intellectuelle et pécuniaire,
s'entend! Et se gausse des débutants bombardés "consultants" alors que
"la véritable créativité est le sous-produit d'un type de maîtrise
qui ne s'obtient qu'au terme de longues années de pratique".
En bref, une lecture réjouissante même pour les pas doués du travail
manuel.
Le livre Éloge du carburateur est distribué par les éditions
La Découverte.
Avril 2010, essai : Après la démocratie
Sur quels éléments doit-on rester
optimiste pour l'évolution de la société française? Comment
contrecarrer la mise en panne de l'ascenseur social au profit de deux
oligarchies échangistes: celle des chefs d'entreprise qui se serrent
les coudes pour garder le contrôle des plus importantes entreprises et
cumuler les sinécures associées (jetons de présence dans les conseils
d'administration, retraite chapeau, ...) entre quelques uns. Celle des
politiques qui se gardent de les contrarier dans la ponction de plus
en plus grandes des dividendes, des primes et autres bonus qui sont
versés quels que soient les résultats, au détriment de la capacité
d'investissement et, bien sûr, de la rémunération de la grande masse
des employés. Et qui, au contraire, réduisent continûment les
prélèvements sur les bénéfices et les charges sociales au détriment de
l'État désormais constamment impécunieux. Emmanuel Todd
analyse brillament cette évolution au prisme un peu obsessionnel de la
disparition de la pratique religieuse de masse et de la régression de
l'efficacité de l'éducation et espère que la Communauté Européenne
saura oser le protectionnisme aux frontières de l'Europe pour freiner
le rouleau compresseur de la globalisation.
Le livre Après la démocratie est distribué par les éditions
Gallimard.
Février 2010, roman : Honecker 21
En contrepoint de la position solide de
Marie N'Diaye face à la stupide excommunication d'Éric Raoult, un
ouvrage de son mari, Jean-Yves Cendrey, lui aussi
exilé à Berlin. Un héros bien ordinaire, Matthias Honecker -sans
rapport avec l'ancien dictateur est-allemand-, cadre moyen dans une
entreprise en recherche frénétique de profit à défaut de tout autre
stratégie - l'entreprise moyenne du XXIe siècle en quelque sorte-, où
il se laisse vivre.
Bousculé par sa femme et par son chef, il va refuser de jouer plus
avant le jeu convenu sur tous les plans: professionnel, familial,
relationnel. Honecker est maladroit, malchanceux et va, semble-t-il,
au devant des ennuis. Il choisit de ne pas d'affronter les contraintes
de notre société libérale et s'en laisse glisser.
Le livre Honnecker 21 est distribué par les Éditions
Actes Sud.
Janvier 2010, essai : Storytelling - La
machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits
Ou comment les politiques et les dirigeants d'entreprise s'en
remettent à des communicants pour romancer, réinventer la vérite pour
mieux la travestir et enterrer les vrais débats sous des affirmations.
L'absence de stratégie avouables des uns comme des autres qui ne
pensent qu'à leur prochaine ré-élection en soignant leur clientèle
soit d'actionnaires soit de financeurs de leur campagnes les conduit à
ne présenter que des solutions, rarement les problèmes auxquelles
elles répondent et jamais les alternatives ni les motivations de leur
choix. Pour combler ce vide intervient « le nouvel ordre narratif
» qui impose les mythes et les symboles en tant que références, loin
devant les faits qui, comme chacun sait, sont têtus et ne se laissent
pas facilement maquiller.
Les exemples sur lesquels s'appuie l'auteur, Christian
Salmon, sont en grande partie américains notamment de
l'entourage de Georges W. Bush
Le livre Storytelling est distribué par les Éditions
La Découverte.
Décembre 2009, roman : La Vaine attente
Ceux qui ont lu L'Attentat de Yasmina Khadra, commenceront
ce livre en se disant "la même démarche mais en Afghanistan". Oui et
non; oui, nous sommes très loin d'un récit manichéiste mais non,
l'onirique se mélange à l'inventivité et donne à ce roman de Nadeem
Aslam une dimension poétique inattendue.
L'oppression est ressentie à travers l'occultation progressive des
manifestations de l'art sous toutes ses formes: sculpture, écriture,
peinture, parfumerie, musique, horticulture. En fil rouge, le long
combat intérieur d'un jeune émule des talibans dont l'endoctrinement
vacille contre tous ces plaisirs, contre la raison, contre l'ébauche
d'une attirance.
A côté de ces personnages improbables qui sont le cœur du récit, des
ombres dures nous ramènent à la réalité des seigneurs de la guerre,
des agents secrets, des coups tordus, de la brutalité gratuite, des
arrangements entre alliés d'un jour sur le dos d'un peuple fatigué et
d'un pays en proie au chaos.
Un tout petit zeste d'optimisme, peut-être un reste d'espoir dans ce
second roman traduit en français après La Cité des amants perdus.
Le livre La Vaine attente est distribué par les Éditions
du Seuil.
Novembre 2009, essai : Au temps des catastrophes
Le livre d'Isabelle Stengers ne se content pas de
dénoncer l'incapacité de nos dirigeants à prendre rapidement les
mesures qu'imposent le réchauffement climatique, notamment au nom de
la nécessaire croissance.
Comme le laisse entendre son sous-titre "Résister à la
barbarie qui vient"cet ouvrage nous encourage à
résister à la lâcheté qui nous fait dire: "Il faut bien, nous
n'avons pas le choix".
Elle appelle à se méfier de l'avis des spécialistes, experts et
scientifiques qui se compromettent trop fréquemment activement ou
passivement. L'illustration actuelle la plus parlante est le débat sur
les nanotechnologies où de nombreux scientifiques mélangent
nano-objets (poudres ultra-fines, nanotubes) dont les risques ont déjà
été identifiés par l'INRS (dossier
nanomatériaux) et nanotechnologies (électroniques, optiques,
etc.) qui ne peuvent attenter qu'à notre vie privée mais pas à notre
santé. Ces scientifiques nous poussent "à passer d'une économie de
la connaissance à une économie de la promesse"; ils "promettent
[...] monts et merveilles [...] et les industriels comme les
pouvoirs publics suivent dans une ronde obscène où l'on ne sait plus
qui croit, qui est dupe, qui manipule".
L'auteure est philosophe des sciences à l'Université Libre de
Bruxelles.
Le livre Au temps des catastrophes est distribué par les
Éditions La Découverte.
Octobre 2009, essai : La trahison des économistes
Alors que les ravages de la vague ultra-libérale continue de peser
sur l'économie réelle, le monde de la finance repart vers de nouvelles
aventures sans risque, pour lui, requinqué avec l'argent des Etats et
déjà quasiment amnistié.
Dans ce livre, Jean-Luc Gréau part en guerre contre
la "vulgate néo-libérale" incarnée par le modèle anglo-américain qui a
bien perdu de sa superbe (le modèle, pas les profits de Wall Street!)
mais reste soutenu par beaucoup d'économistes et de gouvernants. Cet
ouvrage se termine par un vibrant plaidoyer pour une Europe forte,
fière de ses valeurs de justice sociale mais, jusqu'à présent, si
molle à les faire respecter. Il recommande aux Européens de cultiver
le savoir (sciences, culture) plutôt que le savoir-faire (langues,
informatique), nous rappelle la déclaration
de Philadelphie de 1944: "le développement des échanges
commerciaux ne doit pas porter atteinte aux conditions de vie et de
travail des populations concernés" qui nous ouvre la porte à de
vigoureuses mesures contre les pays exploitant leur main d'oeuvre pour
mieux nous indonder de marchandises à coût bradé.
Et l'auteur n'oublie pas de conclure sur la nécessaire indépendance
énergétique et alimentaire associée à l'action écologique.
Le livre La trahison des économistes est distribué par
les Éditions Gallimard.
Juin 2009, roman : Contre la barbarie
Un témoignage exceptionnel de clairvoyance d'un contemporain de la
résistible ascension d'Adolf Hitler et du nazisme dans l'Allemagne de
l'Entre-deux-guerres sous forme d'un recueil de courts articles et
textes de conférences.
Des analyses limpides, sans équivoque
aucune, sur l'accumulation des petites et grandes lâchetés des
intellectuels, des politiques et citoyens allemands, sarrois puis
autrichiens et de l'inaction des démocraties, France en tête qui ont
permises la prise de pouvoir puis la marche vers la Seconde Guerre
mondiale.
Comme nombre des démocrates de gauche de l'époque, Klaus
Mann a du mal à décrypter le jeu de Staline. En
arrière-plan une tristesse puis une douleur sourde devant son
impuissance et celles d'une poignée d'intellectuels intègres à
détourner leur pays de sa course vers l'abîme dans laquelle il allait
entraîner l'Europe.
Le livre Contre la barbarie est distribué par les Éditions
Phébus.
Avril 2009, essai : S'acheter une vie
L'auteur, Zygmunt Bauman, est un sociologue anglais
d'origine polonaise. Dans ce livre, l'auteur décortique tous les
mécanismes qui pousse l'humanité sur la pente de la surconsommation.
Une citation sur l'abus de publicité
explicite et implicite: « En plus d'être une économie de l'excès
et du déchet, le consumérisme est aussi [..] une économie de la
tromperie. Il parie sur l'irrationalité des consommateurs et non sur
leurs évaluations motivées et pondérées. »
Il introduit le néologisme adiaphorisation pour désigner
l'abandon de toute éthique par des pans entiers des élites économiques
et politiques de la société et souligne la course à l'éphémère,
incarné par la dictature des modes.
« [...] une société de consommation ne peut être qu'une société
de l'excès et de la débauche -et par la même de la redondance et du
déchet prodigue. »
Cette ouvrage se termine sur une analyse de la corrélation entre
consommation effrénée et répression forcenée de l'Underclass
rassemblant tout ceux qui, ne pouvant suivre la course à la
consommation "à la régulière", tombent dans la délinquance voire
simplement s'installent en marge (sans téléphone portable, on devient
suspect...).
Le livre S'acheter une vie est distribué par les Éditions
Jacqueline Chambon.
Mars 2009, roman : Le Tigre blanc
Retour vers la terrible réalité des pays en voie de développement.
Cette fois l'Inde avec ses terribles contrastes, son système féodal,
ses castes et ses fusées vers la Lune
Aravind Adiga nous compte, sous le
prétexte de lettres au premier ministre chinois, la vie de
l'opportuniste Balram - l'incarnation du tigre blanc - natif d'une des
plus basses castes qui devient un entrepreneur respecté à coup de
mensonge, de mépris, de cruauté et de corruption.
Cette trame dévoile l'épouvantable condition des indiens miséreux
sous la coupe d'employeurs ou de féodaux sans pitié et sans limite
dans l'exploitation de leurs congénères de condition inférieure,
rélégués au rang d'esclaves. Terrible, vertigineux dans la puanteur et
pourtant, il est difficile d'interrompre la lecture prenante de ce
roman au style alerte rythmé d'un humour désabusé.
Le livre Le Tigre blanc, distribué par les Éditions
Buchet-Chastel, a obtenu le Booker
Prize 2008.
Février 2009, essai: La Crise, des subprimes au séisme
financier planétaire
Ce mois-ci un peu d'actualité avec un livre assez pédagogique sur les
mécanismes de la crise financière en cours qui met fin à deux
décennies de libéralisme et de dé-régulation financière débridés.
Ce livre met au clair les nombreux
mécanismes échafaudés par les financiers de Wall Street et de la City
pour s'enrichir au dépens de la planète entière avec un minimum de
risque pour eux-même comme en témoigne les actuels débats autour des
rémunérations et des primes des patrons des banques et des "traders".
On se rend compte que, autant sophistiqués ou tordus qu'ils soient, la
plupart de ces mécanismes ne fonctionnent bien que tant que les cours
des actions et de l'immobilier montent...
Parfois un peu savant mais sans plus, ce document a l'avantage d'être
écrit de l'intérieur puisque l'auteur, Paul
JORION, a travaillé ces dernières années dans des institutions
bancaires américaines en tant que spécialiste de la formation des
prix.
Le livre La Crise... est distribué par les Éditions
Fayard.
Décembre 2008, disque: Tu vas pas mourir de rire
D'aucuns trouveront cet album sombre, à l'image de sa pochette. Le
groupe Mickey 3D y parle de la guerre, de la
pollution, du racisme. C'est pas du neuf? Normal, ce site n'est pas là
pour faire la promo dont se charge si bien nos télés; par contre une
journée de grève à Radio-France permet de se remémorer des musiques
qu'on a laissé passer.
Il est très pessimiste comme son titre
phare, "Respire" aux faux airs de ritournelle mais des
paroles terribles: " Ils te diront: comment tu as pu laisser
faire ça? / Tu auras beau te défendre, leur expliquer tout bas / Ce
n'est pas ma faute à moi, c'est la faute aux anciens" qui nous
mettent au défi d'empêcher l'inexorable comportement suicidaire de
l'humanité.
Il a décroché le prix Constantin en 2003 et 3 Victoires de la musique
en 2004.
Le CD Tu vas pas mourir de rire est distribué par Virgin
Records.
Novembre 2008, roman : Le Dernier livre de Sergi Pàmies
Titre insolite puisque l'auteur, Sergi
Pàmies, un espagnol né en France qui écrit en catalan,
continue à produire sans relâche.
Qualification hasardeuse, roman, alors qu'il s'agit d'un recueil de
nouvelles reliées entre elles par un fil très lâche.
A l'exemple de ce personnage qui est le seul à ne ressembler à
personne mais qui, du coup, voudrait ressembler à quelqu'un, ces
nouvelles sont plus fantastiques les unes que les autres, en dépit du
bon sens, mais pourtant si réelles, si émouvantes, si questionnantes
et on finirait par les trouvez drôles.... Si ce n'était cet homme qui
a le pouvoir de faire mourir les musiciens en les écoutant. A
déguster!
Le Dernier livre de Sergi Pàmies est publié aux éditions Jacqueline Chambon / Actes
Sud.
Juin 2008, roman: Le Livre de la Jamaïque
Un auteur américain atypique, amoureux de la Jamaïque et de ses
Marrons, descendants des esclaves révoltés contre les britanniques
puis affranchis qui ont créé leur propre monde au coeur de l'île dans
le "Pays Cockpit".
Comme dans beaucoup de ses oeuvres, Russell
Banks s'intéresse aux gens simples dans un roman un peu
policier qui implique Errol Flyn qui habita l'île dans les années 50.
Son projet contrarié, s'installer quelques temps près de Montego Bay,
devient une aventure complexe où l'on se trouve rapidement sans
repère.
L'auteur est membre du Parlement International des écrivains dont il
a été le président.
Le Livre de la Jamaïque est publié par les éditions Actes
Sud. Il est également disponible en 10/18 'Domaine étranger"
Mai 2008, roman: Le Rivage des Syrtes
Le décès de Julien Gracq aura permis de
(re)découvrir son oeuvre insolite, à la limite du fantastique. Une
écriture envoûtante, élégante, insidieuse.
Ce roman de pure littérature décrit
l'attente douloureuse du moment où va se réaliser l'inévitable
conflit, annonçant la fin d'une civilisation.
La publication du Rivage des Syrtes a été l'occasion pour Julien
Gracq de refuser le Prix Goncourt (1951) comme annoncé l'année
précédente dans "La Littérature à l'estomac".
Le Rivage des Syrtes est publié aux éditions José
Corti.
Avril 2008, roman : Le Cortège des ombres
Un livre étrange d'abord par sa chronologie: bien qu'écrit en
1966-68, il n'est publié que début 2008 par la volonté de son auteur,
Julián Ríos.
L'atmosphère souvent pesante est-elle le
reflet des dernières années du franquisme? Ce recueil de 9 nouvelles
de la même veine fantastique, à la fois indépendantes et liées,
semblables et renouvelées, dépeint Tamoga, une ville imaginaire de sa
région de naissance, la côte ouest de la Galice près de la frontière
avec le Portugal.
Le Cortège des ombres est publié en français par les éditions
Tristram.
Mars 2008, film : la 11ème heure
L'acteur américain Leonardo DiCaprio a produit un
film décrivant l'état alarmant de l'écosystème Terre: la
11ème heure, le dernier virage.
Ce film devrait être sous peu (voir sur le site
du film) disponible en téléchargement et vidéo à la demande via
Internet; dans la démarche de l'auteur il s'agit de ne pas gâcher des
ressources énergétiques supplémentaires pour réaliser des copies et le
distribuer en salle.
Février 2008, livre : Thalès-le-fou
Une dénonciation virtuose du pillage de l'Afrique par ses politiciens
rapaces qui ne laissent aux démunis comme seul espoir que
l'immigration sur les "pirogues corbillards".
Très belle écriture en un français habilement africanisé, un humour
savamment dosé, que son auteur, Sémou Mama Diop, met
au service d'un fond sans concession envers les élites politiques et
religieuses corrompues. Il y encourage le peuple figé dans
l'immobilisme à sortir du jeu désolant dans lequel l'Afrique semble
maudite, condamnée à mourir à petit feu.
Ce roman est édité par l'Harmattan dans la collection Encres noires.
Le site web de l'auteur: www.semoumamadiop.com.
Janvier 2008, nouvelles : Hommes, bois, abeilles
Un peu de nostalgie d'une vie rude en communion avec la nature dans
le Haut-Adige (région du nord de l'Italie, frontalière avec l'Autriche
et cadre de batailles effroyables entre 1915 et 1917).
Son
auteur, Mario Rigoni Stern, natif de cette région, a
connu les sanglants combats de la Seconde guerre mondiale, d'abord
comme combattant en France, Grèce, Albanie et Russie puis comme
prisonnier de guerre des Allemands, après l'armistice de Cassibile en
septembre 1943 entre l'Italie et les Alliés. Il s'évadera et, comme
d'autres prisonniers, rentrera chez lui à pied à partir de la Prusse
Orientale (région de Königsberg - aujourd'hui Kaliningrad); épisode
raconté dans Sentiers sous la neige.
Il a alterné dans son oeuvre les romans bucoliques comme La
Chasse au coq de bruyère, Le Vin de la vie et les récits de
guerre dont Le Sergent dans la neige, La Dernière
partie de cartes, et mélangent les genres dans Les Saisons
de Giacomo et Histoire de Tönle.
Ses romans sont disponibles aux éditions La Fosse aux Ours et pour
certains en poche.
Décembre 2007, disque: Carnets de bord
Restons
à distance prudente de l'actualité (octobre 2004) pour déguster le
disque Carnets de bord, de Bernard Lavilliers. Cette
fois encore son inspiration musicale est latino, plus précisément
teintée de couleurs brésilienne et jamaïquaine, et des mélanges
enivrants avec les voix de Cesaria Evora, Tiken Jah Fakoly, Rita
Araujo de Macedo.
Un titre aux paroles glaçantes: État des lieux
dépeint les conséquences de la mondialisation libérale; son refrain
"Cassés de l'est - stressés de l'ouest /Rusés du nord - usés du
sud".
Disponible chez Universal Music.
Novembre 2007, roman: Nous autres
Loin des
prix littéraires et des débauches de nouveautés poussées à force
marketing, une curiosité prémonitoire, Nous Autres,
d'Ievgueni Zamiatine. Un auteur dont la constante volonté
hérétique fit face aux censures des régime tsariste puis bolchevique.
Ce livre de politique-fiction écrit en 1920, en pleine révolution
bolchevique, est une contre-utopie qui inspirera Aldous Huxley (pour
le Meilleur des Mondes) et George Orwell (1984). Le
narrateur, D-503, constructeur du vaisseau l'"Intégral" entrevoit la
nature au-delà du Mur, la frontière d'un monde mécanisé, est tenté par
la dissidence animée par I-330 et .......
Une citation: Le monde se développe uniquement en fonction des
hérésies, en fonction de ce qui rejette le présent, apparemment
inébranlable et infaillible. Seuls les hérétiques découvrent des
éléments nouveaux dans les sciences, l'art, la vie sociale. Seuls
les hérétiques sont l'éternel ferment de la vie.
La
biographie d'Ievgueni Zamiatine sur Wikipedia.
Disponible dans la collection Imaginaire, Gallimard.