Décembre 2008 : Terres trop rares ou culture trop chère, les pays développés recolonisent l'Afrique et l'Asie du Sud-Est.

La dernière cible de l'agriculture intensive, Madagascar, où le conglomérat sud-coréen Daewoo vient d'obtenir une concession de 99 ans pour 1,3 millions d'hectares soit 2% de la superficie de l'île qui augmenteront de 50% les surfaces agricoles. Il ne s'agit pas, bien sûr de développement durable mais de monocultures: huile de palme au nord-est (500 000 tonnes d'huile par an) , maïs à l'ouest (4 millions de tonnes) qui vont couvrir des zones de savane.

Comble de la concussion des dirigeants locaux, la location est gratuite et la majorité de la production est destinée au marché sud-coréens. En retour? Quelques milliers de salariés agricoles, employés très en-dessous des salaires et normes sociales de la Corée du Sud.

Daewoo Logistics n'est que l'une des sociétés qui pratiquent ce néocolonialisme et l'Afrique n'est que la cible principale; en effet Lonrho (UK) et Chiquita Brands (USA) sont en négociation pour s'implanter à grande échelle en Angola, tandis que le Soudan, l'Éthiopie et la Tanzanie ainsi que l'Indonésie, le Laos, le Cambodge et le Pakistan sont courtisés par les multinationales américaines, européennes et des pays du Golfe.

Le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, s'en serait ému et employé le terme de "néo-colonialisme" mais, diplomatie oblige, pas sur le site web de la FAO.

Mise à jour du 27 avril 2009

Le journal Le Monde a consacré une série d'articles sur ce sujet du 18 au 21 avril 2009 qui classent ces nouveaux prédateurs dans l'ordre:

• Corée du Sud: 2,3 millions ha à Madagascar, au Soudan, Mongolie et Indonésie;
• Chine: 2,1 millions ha aux Philippines, Laos ainsi qu'en Australie et même en Russie. A noter que la Chine envoie ses propres paysans, ne laissant même pas les populations locales bénéficier des emplois créés;
• Arabie Saoudite: 1,6 millions ha en Indonésie;
• EAU (Émirats arabes unis): 1,3 millions ha au Pakistan et au Soudan.

Le site Web de Daewoo Logistics en parle tranquillement comme "Natural Resource Development" (anglais).

Novembre 2008 : Il ne suffit pas de s'enduire de vert pour participer à un développement durable.

Les as du marketing ont vite fait de s'emparer des expressions sans trop se préoccuper du concept.

C'est le cas avec "Développement durable" dont se pare des entreprises petites et grandes après un début de semblant d'effort.

Pour mettre en évidence ces doubles discours et encourager les grandes entreprises françaises à avancer en profondeur, les Amis de la Terre propose d'élire les "Pinocchio du développement durable" à l'instar des Fossil Fools Awards américains.

Les "nominés" dans les trois catégories sont:

Les lauréats, déclarés sur le site: www.prix-pinocchio.org sont : Louis-Dreyfus pour les Droits humains, et AREVA qui reçoit les deux prix de l'Environnement et du Greenwashing (mise à jour décembre 2008)

Consulter la page de lancement sur le site des Amis de la Terre.

Octobre 2008 : générons un maximum de CO2 pour produire de l'électricité avant de l'enfouir!!

Les docteurs Folamour frappent encore! Toujours prêts à proposer n'importe quelle idée pour contrebalancer la production de CO2 et son influence néfaste sur le réchauffement. Prêts à faire prendre tous les risques à l'humanité plutôt que de préconiser une diminution des dépenses énergétiques. Cette fois-ci, il s'agit d'enfouir le CO2 produit en grande quantité à partir du lignite, un des combustibles les plus "sales".

Un cadeau empoisonné de plus pour les générations futures

Sur le site "Schwarze Pumpe", près de Spremberg en Allemagne, géré par la société suédoise Vattenfall est construit un prototype de centrale "neutre" grâce au "CCS" (Carbon dioxyde Capture and Storage = Capture et stockage du CO2). Ce prototype se limite à 30 MW et, avec une débauche supplémentaire d'énergie, sépare, compresse et liquéfie le gaz carbonique avant de l'injecter sous pression dans un aquifère (nappe d'eau souterraine) où il est censé se dissoudre et demeurer pour l'éternité. Seul souci, le site de stockage n'est pas encore trouvé tandis que le surcoût énergétique, lui, est déjà connu; il est évalué entre 25% et 40% pour les centrales au charbon par l'IPCC (Intergovernmental Panel On Climate Change), sans grand espoir d'améliorer ce ratio.

Consulter la partie du site de la société Vattenfall consacré à ce prototype de CCS.

Consulter le "Special report on CCS" rédigé par l'IPCC en 2005.(Anglais, pdf - attention 22 Mo);
plus récent (mai 2008), le rapport de Greenpeace (anglais, pdf) et sa synthèse en français (pdf)

Mai 2008: après le fer dans les océans, le soufre dans la stratosphère!

Les docteurs Folamour sont toujours nombreux prêts à proposer n'importe quelle idée pour contrebalancer la production de CO2 et son influence néfaste sur le réchauffement. Prêts à faire prendre tous les risques à l'humanité entière plutôt que de préconiser une diminution des dépenses énergétiques.

Jouer avec le feu

Il s'agit pourtant d'un prix Nobel, Paul Crutzen, celui-là même qui avait dénoncé l'effet nocif des CFC sur la couche d'ozone... Il s'était inspiré de l'explosion du volcan Pinatubo en 1991 pour proposer l'injection dans la stratosphère de 5 millions de tonnes de sulfates par an.

Il reste heureusement quelques scientifiques conscients dont ceux du NCAR (National Center for Atmospheric Research) pour relever le danger qu'une telle initiative ferait courir, par exemple à la couche d'ozone.

Consulter le résumé "Stratospheric Injections to counter global warming could damage ozone layer" par Simone Tilmes, Rolf Müller et Ross Salawitch sur le site de l'Earth and Sun systems laboratory du NCAR (anglais).

Le fer manque de crédit

Des scientifiques du laboratoire LEGOS (Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales) du CNRS ont mené une étude au large des îles Kerguelen qui "laissent peu de crédit aux ajouts artificiels de fer préconisés par la géo-ingénierie" d'après un résumé sur le site de l'Institut national des sciences de l'Univers.

Consulter l'article "Le fer... ou l'inutile fertilisation des océans (campagne KEOPS)" sur le site de l'Institut national des sciences de l'Univers.

Avril 2008: les favoris distingués aux Fossil Fools Awards 2008

Trois organisations américaines de protection de l'environnement (Co-op America, Energy Action Coalition, Rainforest Action Network) se sont associées pour décerner ce 1er avril les Fossil Fools Awards.

Dans la même démarche que celle des Oscar, César et autres prix artistiques, pour chacune des catégories, 4 à 5 acteurs méritants sont présélectionnés et sont soumis au vote du jury, ici les internautes.

Les gagnants sont:

• Ken Lewis (Bank of America): le Fossile de l'année (Fossil Fool of the year)
• Patricia Woertz (Archer Daniel Midland): la Révélation de l'année (Most Inauspicious Newcomer)
• George W. Bush et Dick Cheney: pour l'ensemble de leur carrière (Lifetime Achievement Award)
• Gregory R. Page (Cargill) : plus forte atteinte aux conditions de vie (Biggest Human Toll)
• Rick Wagoner (General Motors): meilleur faux-semblant écologique (Outstanding Performance in Corporate Greenwashing)

Vous pouvez consulter le site Web de l'Energy Action Coalition. et y consulter le palmarès du Fossil Fool 2008!

Mars 2008: L'Australie a attendu 2007 pour stopper la conversion de la forêt primaire de Tasmanie en exploitation forestière

Si celle, tropicale, des environs de Cairns est préservée, la forêt primaire tempérée de Tasmanie (photo ci-contre), beaucoup plus étendue (6 500 km²), reste sous la menace d'exploitants forestiers sans scrupule qui en ont déjà rasé 1400 km². Ceux-ci les convertissaient en plantation d'eucalyptus après avoir débité les arbres géants puis incendié le reste de la végétation avec la bénédiction du label PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes - Programme de reconnaissance des certifications forestières), censé garantir une gestion durable des forêts. Cette certification leur permettait d'écouler le bois de la forêt primaire dévastée sous le label PEFC. La récente conversion de l'Australie au Protocole de Kyoto (datant du 4 décembre grâce à son nouveau premier ministre) va peut-être mettre un terme définitif à ces dégâts.
Les Amis de la Terre en font un sujet d'inquiétude dans leur campagne contre la déforestation.

Février 2008: des scientifiques remettent en cause le lien entre l'augmentation des gaz à effets de serre et le réchauffement climatique...

Des scientifiques éminents, Vincent Courtillot - directeur de l'Institut de physique du globe (IPGP), et son aide de camp, Jean-Louis le Mouël, rejettent la liaison désormais reconnue par la majorité de ses pairs entre l'augmentation de la teneur en gaz à effet de serre de l'atmosphère et l'évolution de la température, dans la Lettre de l'Académie des sciences n°21. Ils prennent ainsi le contrepied du consensus des experts du GIEC qui estime à 90% le degré de confiance dans cette relation. Ils tentent ainsi d'apporter leur pierre à la campagne de Claude Allègre, lui aussi membre de l'IPGP, qui se fait remarquer par son absence dès que le débat devient scientifique et se contente de déclarations frauduleuses mais fracassantes dans les médias.
Consulter cette lettre consacrée à l'évolution des climats.

...et se font adouber "Chevaliers de l'Ordre de la Terre Plate" par leurs pairs

par des scientifiques qui préfèrent les lois de la physique au "Je-m'en-foutisme et [à] l'ignorance", tels Édouard Bard et Gilles Delaygue du Centre Européen de Recherche et d’Enseignement des Géosciences de l’Environnement. Leur analyse critique met le doigt sur des manipulations de données qui font passer Courtillot de la catégorie des "malhonnêtes" à celle des "'truands" pour expliquer qu'il faut négliger la rotondité de la Terre...

D'aucuns font remarquer que le partenariat de l'IPGP avec Schlumberger et TOTAL ne serait pas étranger à ce zèle..

Consulter la première et la seconde partie de l'article "Les Chevaliers de l'Ordre de la Terre Plate" rédigé par Raymond Pierrehumbert (Raypierre) sur RealClimate.

Janvier 2008: le Canada attend impatiemment la fonte de la banquise

Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a consacré un chapitre complet à un environnement sain dans son "discours du Trône" du 16 octobre 2007. Il y constate que le Canada a laissé exploser sa production de CO2 (+33%) par rapport à ses engagements du Protocole de Kyoto.

De l'autre main, il positionne son pays pour exploiter le futur Passage du Nord-Ouest qui ne devrait pas tarder à être libéré par la fonte de la banquise Arctique. C'est ainsi que les installations de Nanivisk située à 73°N, ancienne mine abandonnée ayant laissé un site pollué par le plomb, vont être reconverties en une base militaire et le port associé agrandi.

Dès 2012, il sera possible aux bateaux de passage de s'y ravitailler, certainement avec du fuel provenant des sables bitumeux de l'Alberta, dont l'extraction est dévastatrice pour l'environnement: forêt rasée, pollutions aux hydrocarbures et métaux de la rivière Athabasca, production de gaz à effet de serre: 80 kg d'équivalent CO2 par baril.

Consulter l'extrait "Un environnement sain pour les Canadiens" du discours du Trône.
Mud, sweat and tears, article du journal britannique The Guardian (anglais)
Greenpeace lance une campagne en Alberta

Décembre 2007: déplacer une église, exiler 59 personnes pour extraire la lignite

Ce fait divers date de fin octobre mais le paradoxe risque de durer plusieurs décennies.

Il s'agit de raser un village de Saxe (région de Leipzig), Heuersdorf, pour faire place nette à une exploitation de lignite à ciel ouvert.

A cette fin, la compagnie minière Mibrag (Mitteldeutsche Braunkohlengesellschaft mbH - Société centre-allemande d'exploitation de la lignite) a obtenu l'expulsion des 59 derniers habitants (sur les 150 présents en 1994 lors de l'approbation du projet d'extraction) mais concédé le déplacement de l'église "Emmaus", jusqu'à Borna, à 12 km de son emplacement d'origine.

Coût de l'opération: 3 millions d'Euro en remerciement aux habitants exilés.
Consulter un site sur la ville de Heuersdorf (allemand, un peu d'anglais)

La lignite, qu'est-ce?

A mi-chemin entre la tourbe et la houille, c'est grosso-modo du charbon pas fini composé de 50% de carbone et souvent riche en soufre. Les gisements sont exploités à ciel ouvert en Allemagne, ajoutant les dégâts environnementaux immédiats (déboisement, pompage de la nappe phréatique) aux retombés des émissions de CO2 à venir.

Novembre 2007: chauffer votre terrasse au gaz!

Le Monde qui, dans son édition du 21 octobre 2007, célébrait les nouveaux modèles de "parasols" chauffants pour le grand public à partir de 119 € , s'est fait vertement rabrouer par ses lecteurs sur l'incongruité d'une telle célébration en plein Grenelle Environnement. L'un d'eux propose à l'auteur de l'article de commencer à prospecter les fabricants de climatiseurs pour cet été sous le parasol...

Par heure, ce type d'appareil consomme jusqu'à 1kg de propane (C3H8), produisant donc 3 kg de CO2 (l'équivalent de 30 km avec une voiture très économe).

Lire les réactions des lecteurs du Monde (lien non garanti dans le temps)